Jonas Mekas compose ses premiers poèmes dans la campagne lituanienne, où il est né. Contraint à l’exil en 1944, c’est en Allemagne qu’il publie son premier recueil Idylles de Semeniškiai qui décrit avec lyrisme et précision la vie rurale en Lituanie et le cycle immuable des saisons. Matrice de son œuvre à venir, le rapport à la quotidienneté présent dans toutes les formes de création qu’il va embrasser y trouve son origine. Dix années plus tard, à New York, il devient un ardent défenseur du cinéma indépendant par ses nombreuses critiques écrites pour Film Culture et The Village Voice. La poésie s’impose lorsqu’il essaie, jour après jour, d’appréhender ce nouveau cinéma émergeant, hors des schémas narratifs classiques. En 1969, Jonas Mekas initie une forme cinématographique inédite : le « journal filmé », synthèse d’expérimentations filmiques et d’un héritage poétique personnel et référencé. Le premier opus, Diaries, Notes and Sketches (Also Known as Walden), placé sous l’égide d’Henry David Thoreau, influe à son tour sur son écriture.
Si ses films sont aujourd’hui plébiscités dans le monde entier et son activité de critique reconnue, ses poèmes, qui sont pourtant à la source de son œuvre, restent méconnus hors de la Lituanie. Réhabiliter Jonas Mekas comme une figure poétique majeure permet d’apporter un nouvel éclairage et de reconsidérer, à parts égales, ses différentes pratiques littéraire, critique et cinématographique grâce auxquelles il s’est construit, loin de chez lui, une nouvelle identité à travers l’art et la culture.
Cécile Tourneur
Mekas et le cinéma
Cécile Tourneur
Cécile Tourneur est docteure en Histoire et Esthétique du cinéma. Elle a consacré son travail de thèse à l’œuvre cinématographique de Jonas Mekas (1966-2009) à t...
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