A dos de Dieu

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Marcel Moreau

A dos de Dieu

ou l’Ordure lyrique

Le démon de la propulsion

Machine de guerre contre l’ordre et les valeurs du monde, À dos de Dieu est une épopée joyeusement désespérante, burlesque, apocalyptique, affolante, quasi carnavalesque.
«On me demande de retracer mon itinéraire, de Quintes à Discours contre les entraves. Impossible. Je suis déjà sur les pistes brouillées d’une écriture pour tout de suite. Je sais seulement qu’une petite phrase, née avec mon premier livre dans une anfractuosité du subconscient, n’a cessé depuis de grandir, de proliférer, de s’étendre par martèlements obsessionnels et fureurs paroxystiques aux autres ouvrages et jusqu’en ma vie extra-littéraire. Cette phrase, interminable, inessoufflable, a produit tantôt des pseudo-romans, tantôt d’hérétiques essais. La fiction vise à la connaissance lyrique d’une réalité des tréfonds. La non-fiction s’exténue à mettre un brin d’ordre dans cette connaissance, forcément protéiforme, disloquante et disloquée. Dans les deux cas, je vois d’œuvre en œuvre la petite phrase des origines élever de quelques degrés sa monstruosité, et toujours un peu plus prendre le contrôle de mon existence. Tel est le sens que je me limite à donner à cette aventure, soûlante et noire, ensorcelée entre toutes.»

C’est se frotter à une langue qui, aujourd’hui encore, est monstrueuse, n’a rien perdu de sa force de frappe, une langue déferlant à toute berzingue, sans répit, où tous les événements rapportés s’enchaînent à un rythme fou…

Porté par un souffle sonore et puissant, ce texte embrase et embarque. Il vibre, gonfle, gicle, halète, bégaie, éructe, tangue, secoué par un mélange de révolte, de passion et d’ivresse. Il est habité par un phrasé vertigineux.

Jacques Josse remue.net
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Marcel Moreau Marcel Moreau

Marcel Moreau

Auteur d’une œuvre considérable, puissamment originale, Marcel Moreau est l’un des plus grands prosateurs actuels de la langue française. Il est né le 16 avril 1933 à Boussu en ...

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L’art de la fureur. Apologie de la démesure, bûcher nihiliste, A dos de Dieu, est la «saison en enfer» de Marcel Moreau.

A dos de Dieu, de Marcel Moreau, fait partie de ces livres plus que radioactifs. Il est un de ces livres terriblement radieux et sombres, brûlant toujours, et dont aucune « demi-vie » des atomes ne pourrait rendre compte – parce qu’un tel livre en appelle à la vie infernalement pleine, entière, énorme et indivisible – vie et mort embrassées.

Lucien Raphmaj Diacritik

Chant irrécupérable de révolte, émeute rythmique et libertaire où pulsions et passions se pénètrent dans une vision monstrueuse comme orientée par la musique des mots. Langue limite que celle de Marcel Moreau, il vivesectionne son langage, le tord et le réinvente tel une menace, une aventure, une prophétie.

L’écriture impeccable et travaillée de Moreau devient ici locomotive incontrôlable, délaissant petit à petit structure, règles, attention millimétrée aux mots, ici déconstruits et reconstruits pour mieux leur donner direction et sens : tout droit, plus loin. De quoi faire cracher les psychanalystes.

Un livre fou de fin du monde, ahon !

Jean-Claude Leroy Mediapart

Un écrivain et un livre hors du commun. Totalement.

Ce poème halluciné en prose sonne comme un chant désabusé dans un pur nihilisme définitif.

Warren Bismuth Des livres rances

Une langue habitée qui se déploie à travers ces pages tout aussi inclassables et déconcertantes que leur protagoniste, Beffroi, personnage extrême.

Karen Cayrat ProP(r)ose

Un roman radical hanté par la figure romanesque de Beffroi […] Un personnage qui a du souffle, qui gronde et griffe, traverse les cercles de l’Enfer, fait s’enflammer le roman, les mots s’y accouplent, s’étirent, se contractent, la rage l’irrigue.

Philippe Chauché La cause littéraire

Le grand écart entre Rabelais et Guyotat… Réjouissant, car des plus rares dans notre lissetérature hexagonique !

Fabrice Thumerel Libr-critique

Un geste littéraire appelant à délivrer la langue et à briser toutes lois liberticides.

Adrien Meignan Addict Culture

Ce «mystique vivisecteur de mots» qu’est Marcel Moreau récidive dans l’allitération et le paroxysme (…) Dans un monde où, parallèlement aux pratiques les plus répugnantes de la raison d’Etat, se développe une asepsie qui nous masque les gênantes réalités, l’ordure est ce qui reste pour témoigner de notre appartenance viscérale à la matière.

Serge Koster, 17/10/1980 Le Monde

Nous manquons de barbares, allez, et de poètes qui aient un «supplément d’âme». Histoire de rééquilibrer un peu les choses, à présent que l’essai – comme c’est significatif – prolifère : Prêt-à-porter des doctrines. Inflation du concept. Et quand l’intellectuel n’a plus rien à dire, voilà qu’il entreprend de faire son propre procès ! Pour battre en brèche le masochisme des clercs et la délectation morose des cuistres, nous avons un urgent besoin d’écrivains de salut public. On peut compter sur Marcel Moreau. Il n’a pas attendu d’être sollicité pour formuler les termes de sa déclaration de guerre.

Pierre Martens, 14/05/1980

Ecriture du paroxysme, de la transe rythmée, enthousiasme noir forcené, dont le vertige créatif fait que le texte va jusqu’à inventer ses mots. A dos de Dieu est le poème lyrique fou d’un Lautréamont fasciné par l’horrible en nous, et trouvant son souffle inépuisable dans l’aspiration à l’anéantissement.

Bulletin critique du livre français

En littérature, Marcel Moreau appartient à la race des enragés, des forcenés, des hallucinés, des Don Quichotte. (…) anarchiste et même nihiliste, Moreau éructe en permanence.

Pan n°2111, 12/06/1985

Marcel Moreau : « J’en étais là de ma vision ordurière lorsque Beffroi se rappela à moi. Il tenait à me faire remarquer que ma traversée des ordures avait un nom, un visage, du sang, un sexe, et cela depuis le mois de mai de l’an 1968. »