Migrante est ma demeure
Nils-Aslak Valkeapää

Migrante est ma demeure

Une poésie à la fois simple et pure, fluide et limpide, et un nombre incalculable d’illustrations superbes in situ qui servent la délicatesse de la parole.

Jacques Morin Poezibao

Initialement publié par Alain Mala des éditions Cénomane. Un livre si remarquable qu’il fallait continuer à le faire vivre. Uniquement disponible en commande directe auprès de Quidam éditeur.

Composée de trois recueils édités initialement aux couleurs de la Laponie, la trilogie de Nils-Aslak Valkeapää, Migrante est ma demeure, s’ouvre sur le livre jaune qui plante le décor, égrène la fuite des saisons («Les nuits de printemps si claires»); puis, le livre bleu, vibrant hommage aux Sames d’antan, brosse une civilisation de l’éphémère («Chante gazouille Grelots-des-Neiges»); le livre rouge, enfin, élargit l’univers spirituel à d’autres populations autochtones («Une source aux veinules d’argent»). Avec un parti pris affirmé de naturel et de simplicité dans les thèmes et le style, imperceptiblement, ténu mais tenace comme le joïk, s’élève un hymne à la différence.

Une différence dont la poésie de Nils-Aslak Valkeapää déploie au fil des pages la riche palette, avec un jeu subtil qui mêle inlassablement subjectif et objectif, mais dont la ligne de force est un message de paix et d’espoir : «Protéger la vie et tout ce qui vit»…

Cette poésie porte en elle toutes les contradictions d’une civilisation qui, contrainte de chercher un second souffle, souhaite ancrer dans la modernité ses valeurs ancestrales. Quête sans concessions sur les principes où le ton est incidemment celui de l’ironie à l’égard du «noble seigneur blanc» qui, non content de profiter d’une hospitalité généreuse, a «tout pris et tout détruit».


 

Savoir ce que l’on doit au passé, n’empêche pas de vivre au présent.

Jacques Josse Remue.net

Magnifique recueil de poèmes tant au niveau de la qualité de la poésie que des illustrations.

un lecteur sur frac.com
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Nils-Aslak Valkeapää Nils-Aslak Valkeapää

Nils-Aslak Valkeapää

Chantre de la pan-Laponie, Nils-Aslak Valkeapää (1944-2001) fut durant près d’un demi-siècle le chef de file des poètes-sculpteurs et chanteurs-musiciens sames. Originaire de la parti...

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La poésie peut être aussi simple, belle et profonde, plus le voyage vers le grand nord se précise, plus l’art devient pur…
Sans mots inutiles, ni figures de style encombrantes, les poèmes s’enchaînent sans début ni fin comme la terres des Sames. Où nous emmène cette poésie? Les frontières n’existent pas non plus: dans la nature, dans le ciel, de l’autre côté de la terre, dans un monde qui se voit et ne se voit plus au rythme du cycle des astres.
Les illustrations complètent magnifiquement les poèmes, l’univers same est à portée de livre : on y plonge avec frisson, dépaysement garanti! Entre tradition et modernité, à la fois ancestral et contemporain, la transition entre le passé et l’avenir se fait tout en douceur !

Niele Babelio

Penseur des steppes venteuses et des longues nuits d’hiver, Valkeapää sait qu’une culture menacée doit avoir le courage de ses convictions. L’union sacrée avec les Indiens et les Inuits, une solidarité sans failles avec les «frères et sœurs» du Quart monde (dont Valkeapää fut le coordinateur dans un Conseil mondial) seront donc proclamées. Mais comment, sans refuser le progrès, s’arracher à l’hypnotisme des technologies ?
Le défilé du panthéon païen jouxte ici l’angoisse du néant. Hanté jusqu’à l’obsession par les visions et les voix d’un nomadisme révolu, le poète n’envisage d’autre avenir que la «migration avec le vent» , compagnon volatil mais fidèle, symbole avec le joïk d’un patrimoine évanescent. Mais dans cette migration, à la foi désuète et d’une brûlante actualité, reflet des préoccupations de son temps et de son peuple, le poète reste libre de se réfugier dans l’imaginaire.

Marie Jocelyne Fernandez-Vest

Sous ce beau titre sont publiés en un seul volume, trois recueils de poèmes traduits du same du Nord ! Pour tout dire, j’ignorais que cette langue existât, et ne devais pas être le seul. Elle est en fait parlée sur le territoire lapon, là-haut entre la Finlande et le nord de la Russie. Une langue de nomade, de tradition orale essentiellement, ce qui rend d’autant plus précieuse la transcription de ces poèmes. Les textes sont ici le plus souvent courts (on songe parfois aux haïkus, ou à la poésie indienne) d’inspiration contemplative et lyrique. Ils chantent les saisons, le quotidien des hommes sous la lumière blanche du grand nord, la simple et évidente beauté du monde : les animaux, les fleurs, la neige, et les gestes venus du fonds des âges. Cependant pas de bucolisme niais ici. Le regard est lucide, donc inquiet. Il y a au-delà de l’horizon d’autres hommes avec leur sac de mirages. Cette poésie qu’il est urgent de lire est celle d’un monde en sursis.
Pour habiller cette œuvre si précieuse, l’éditeur a imaginé le plus bel écrin qui soit. Le livre est incroyablement beau. Très richement illustré par le poète lui-même d’encres, de crayons, de gravures sur bois, exceptionnellement mis en pages, ce recueil est une fête pour l’œil et pour l’esprit. Avec audace et talent, les éditions Cénomane ont réalisé un chef-d’œuvre, le plus beau des livres édités cette année dans notre région, et même au-delà.

Alain Girard-Daudon Encres de Loire