Faye, ô Faye, qui es-tu ? Un fantasme, un prétexte ? Peut-être. Formellement, une rousse laiteuse, pornstar, la poitrine voluptueuse, jolie, un peu peste, assez drôle, à jamais dix-huit ans, et puis l’oubli.
Quelle muse plus parfaite ? Belle, lointaine, obsédante, inaccessible, et pourtant transparente, offerte, assurément banale, vulgaire même : toutes les qualités que cherche le voyeur impuissant pour transcender la condition masturbatoire. Concentrer sur un seul objet l’enfer du désir et tenter de l’exorciser.
À Faye, le poète est fidèle et rend grâce. En 59 poèmes. Obscènes, délirants, forcément dérisoires, forcément kitsch, forcément sombres : il faut vivre avec son temps.
Et soudain sous l’humour, la provocation, pointe l’invention verbale, la tristesse contemporaine, la scansion de l’apostrophe à ce qui s’évanouit.