Lucie est psychiatre. A la faveur du hasard, elle recroise Hector, qu’elle a eu pour patient quinze ans plus tôt, alors qu’il était encore enfant. Fascinée par son opacité et par leur relation magnétique, elle se laisse emporter dans son histoire familiale avant qu’Hector ne disparaisse brutalement.
Elle part jusqu’en Angleterre, enquêter sur la relation de celui-ci avec un père toxique, qui faisait rejouer à ses enfants l’histoire des Brontë, plongeant ses propres descendants dans les névroses et le romantisme noir de l’illustre famille d’artistes.
Roman sur la beauté et le danger de vivre, aussi tourmenté que captivant, Quitter Hurlevent met en place une intrigue, sentimentale et familiale, pleine de ce mystère qui caractérise les écrits de Laurence Werner David.
Une image pourrait figurer le texte de Laurence Werner-David, celui du caillou jeté dans une étendue d’eau calme. La pierre s’enfonce, entraînant avec elle son énigme, que les ondes circulaires à la surface signalent, aux crètes de plus en plus espacées, mais néanmoins présentes et conséquentes. Image d’une écriture, mais image également de la littérature et de ses effets que Quitter Hurlevent se voue à interroger, dont les vibrations résonnent pour le lecteur bien après la lecture et qui dessinent parfois, comme pour la famille Wolpe, les cercles d’un enfer.
Quel roman dense et limpide, comme un torrent qui descend de la montagne irrémédiablement vers la plaine, vers la mer. Un rythme impitoyable qui mène les personnages vers leur destin. Et avant tout Hector, bien sûr. Figure tragique dont la «sauvagerie» fait écho à celle de Heathcliff mais bien différente aussi. Pris dans l’intrication d’une filiation doublement niée, celle du père fantasque qui perd sa paternité et celle du fils volé — que ce soit réel ou non. La narration à la fois éclatée et rassemblée. Lucie et sa complexité — est-elle spectatrice ou actrice des destins ?