« J’écris de la prison qu’est mon corps et de la cellule où on l’a enfermé. J’écris d’un pays geôlier et d’une époque à camisole exigeant des femmes qu’elles engendrent et punissant celles qui y faillissent. J’écris pour que nous nous souvenions qu’il n’en a pas toujours été ainsi.»
Dans le monde de la narratrice, la liberté des femmes à disposer de leur corps n’existe plus, l’interruption volontaire de grossesse est considérée comme un homicide aggravé, avortement et fausse couche confondus.
Histoire de femmes en insurrection, de solidarités obstinées, de luttes anciennes à recommencer, MURmur raconte la régression et la répression de ce droit élémentaire, mais aussi le courage d’y résister et la détermination à se révolter.
L’écriture, ici, est constat, dénonciation, revendication d’une émancipation qui est déjà, en soi, une forme d’émancipation. La dénonciation ou la revendication ne sont pas abstraites, elles concernent les femmes, leurs corps, leur esprit. Ce n’est pas un hasard si, dans le titre MURmur, le « e » qui marque le féminin est absent, ce « e » apparaissant si on prononce le mot évoqué par ce titre, et qui dans le livre en serait comme le contraire ou la contestation : murmurE. La parole est ici ce qui fait émerger le féminin, ce qui est énoncé par les femmes, sur et avec les femmes, pour les femmes. Elle apparaît comme un besoin, voire un devoir.
C’est un livre à lire, relire, en secret, à voix haute, à partager, un texte de banderole de manifestations, un manifeste, un avertissement, avec déjà la colère de ce qui est et la menace de ce qui advient. Ce texte embrasse l’histoire du féminisme et les luttes des femmes à disposer de leur corps. Le passé est présent, mais dans le nom des personnages, on a un côté presque dystopique, une contre-utopie qu’on voudrait ne jamais voir advenir et qui pourtant est tellement présente, telle une tâche noire qui se répand, grignote peu à peu les libertés. Il y a toutes les temporalités, toutes les femmes, et les combats. Je souhaite à ce texte un écho digne de la déflagration qu’il contient.