«Demain, nous essayerons une expérience : nous liquéfierons la pensée.»
Considéré comme le point de départ du fantastique et de l’anticipation latino-américaine, Les Forces Étranges (1906) réunit, dans une esthétique du désastre, savants fous, animaux maléfiques, puissances occultes, cosmiques ou ectoplasmiques. Treize nouvelles qui sont à la fois le plus fidèle hommage à Edgar Allan Poe et la plus évidente préfiguration de Jorge Luis Borges.
Recueil hybride entre fiction et essai, ces récits, tous animés d’une « force obscure » portent une réflexion transversale sur la technique et la science dans leur rapport avec la création et le mal. Merveille de style et d’érudition, ce sont, selon les mots de Borges, des pages qui «comptent parmi les plus abouties de la littérature de langue espagnole ». Pour la première fois, après plus d’un siècle, intégralement traduites en français.
Lugones, qui a initié tout un courant argentin où métaphysique, imaginaire, science et littérature fantastique se conjuguent, nous apparaît aujourd’hui non pas une chose du passé, mais une littérature toujours pleine de perspectives pour ré-envisager les possibles de la science-fiction…
Une vraie maîtrise des pouvoirs évocateurs de la langue […] Les forces étranges sont hantées par l’idée de transgression. Mais le vrai lien dans l’œuvre de ce surprenant auteur argentin est dans son rapport gourmand à la science, sa capacité à lui inventer une poétique.