« Raconter des histoires, c’est raconter des mensonges », tel était le refrain obsessionnel de l’écrivain britannique B.S. Johnson (1933-1973), adepte d’une écriture-vérité au service d’une sincérité absolue et d’une mise à nu des sentiments, admirateur du Nouveau Roman et fervent défenseur d’innovations formelles de tous ordres qu’il mit en pratique dans des ouvrages aussi poignants et insolites que Albert Angelo, Chalut, Les Malchanceux ou R.A.S. Infirmière-Chef.
Issu de la classe ouvrière, évacué de Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, sujet à des expériences mystiques, à la fois isolé et très entouré, Johnson ne cessa tout au long de sa carrière de s’inspirer des épisodes de sa vie personnelle pour livrer au lecteur une émotion brute et exorciser ses propres démons. Sa vie est à l’image de son œuvre : celle d’un jeune homme perpétuellement en colère, débordant d’énergie créatrice et d’humour noir, toutes plaies dehors. Une vie fulgurante à laquelle il mit un terme à l’âge de quarante ans.
Le romancier britannique Jonathan Coe, auteur de Testament à l’anglaise, La Maison du sommeil, Bienvenue au club et La Pluie avant qu’elle tombe, nourrit depuis des dizaines d’années une passion pour l’œuvre de B.S. Johnson. Sa magnifique biographie croise avec bonheur les regards et les voix de ceux qui l’ont connu, et scrute les textes publiés et inédits de Johnson pour percer les mystères d’un homme aussi exubérant que secret.
Histoire d’un biographe fougueux. Une ambitieuse et superbe entreprise.
Expérimentir / B.S. Johnson: une vie rompue