Toi, tu écris des livres que tu fabriques quotidiennement. Tu racontes les choses pendant qu’elle arrivent, en même temps qu’elles arrivent. Ce qui arrive, c’est que tu les racontes. La vie est là.
Dans Bruit dedans, son sixième texte, Anna Dubosc interroge le réel à travers le récit de sa vie présente, ses joies, ses épreuves, qu’elle fixe dans les mots pour qu’ils les lui révèlent. Un récit écrit en direct, sous nos yeux, qui glisse inévitablement et insensiblement vers cette fiction qu’est la réalité.
Au-delà de l’autofiction, Bruit dedans est un miroir pluriel du désir d’écrire. Anna Dubosc le sait sans doute : le centre de l’écriture est un point aveugle, une absence (…) un affrontement avec le temps, toujours non pas victorieux, mais hors-cadre. Bruit dedans parvient admirablement à en rendre compte. Admirable animation de ce refus du temps qui passe et que pourtant l’autrice parvient à faire advenir.
On ne sait plus si elle écrit la vie ou si elle est la vie. Parce que toujours cette question est juste au cœur. C’est le réacteur nucléaire de ce livre. Tout noter, ne rien perdre de la vie qui nous attache et qui nous arrache à ceux qu’on aime. Il y a comme une taxidermie par l’écriture. Sauf que tout reste vif, comme la blessure, comme la joie, comme le désir. […] C’est un livre fort sur l’écriture, sur sa puissance et son éternelle souffrance.