Être la plus petite. Suivre le carnaval. Courir après les sauterelles vertes. Avoir un tigre à soi. Voir les Chinois grands. Savoir sa mère malade. Quitter son premier pays. Perdre son prénom. Être trop colorée, être trop blanche. Aimer la guerre et les fleurs. Se promener sur la plage en dormant. Perdre son deuxième pays. Gagner sa vie.
À travers le portrait d’une enfant éprise de liberté dans la Guyane et la Martinique d’autrefois, la question de l’identité qui traverse tous les livres de l’auteur prend enfin les couleurs de sa propre créolité délavée.
Philippe Annocque quitte l’univers romanesque que l’on connaît, marqué par un fort imaginaire fictionnel puissant, pour ce portrait délicat, cette chronique tendre des origines, du paradis perdu si présent pourtant sous la plume de ce «Martiniquais délavé».
C’est un beau texte, une promenade poétique autour de la question de l’identité qui toujours commence au loin (loin d’ici, des quatre murs entre lesquels vous êtes peut-être confiné), dans les souvenirs des autres ou ce qu’il en reste.