Cinquième roman de B.S. Johnson et considéré, dès sa sortie, comme l’un de ses chefs-d’oeuvre, R.A.S. Infirmière-Chef (House Mother Normal, 1971) est dans sa forme et par son sujet hors norme. A travers le cerveau de huit vieillards, chapeautés par une infirmière-chef despotique et sensée incarner la normalité, le texte met en scène l’indignité de la vieillesse et l’irrésistible décomposition des corps et parfois des esprits. Avec humour, précision, compassion et violence, il plonge le lecteur, grâce à l’inventivité de son auteur, dans un univers à la fois poignant, désopilant et sombre comme l’humour anglais le plus noir. Chaque séquence narrative , le monologue intérieur d’un pensionnaire de l’hospice, suit la même chronologie, non seulement page par page, mais aussi ligne par ligne.
Le résultat est un livre à l’effet multidimensionnel brillant, qui s’affirme comme un digne héritier des oeuvres de Laurence Sterne, James Joyce et Samuel Beckett.
Un livre aussi conceptuel qu’excitant : une tentative de mise en mots du mental de huit vieillards condamnés à crever à l’hospice.
Dans la lignée de Joyce et de Beckett, la rumination lente et soliloquée des pensionnaires d’une maison de retraite. Féroce et hilarant. Dans sa forme comme dans son sujet, un livre hors-norme.