Début des années 2000 dans les montagnes d’Épire, à un pas de la frontière albanaise. Une douzaine de maçons et d’ouvriers – grecs, albanais, grecs d’Albanie – travaillent sur un chantier où ils construisent la maison de « l’émigré », un de leurs compatriotes rentré d’Allemagne après des années d’exil économique.
Bloqués par la pluie, le temps d’une journée, ils se racontent – la vie dans les geôles de Hodja, la répression de la minorité hellénophone d’Albanie sous régime communiste, les périls de la fuite en Grèce, l’intégration douloureuse dans une société où prévaut le rejet de l’autre. Par les mots et le chant, ils exorcisent ensemble leurs tourments et leurs conflits.
« Décaméron » grec qui porte haut la voix des humbles et des déracinéss, Dieu leur dit est une célébration de la puissance libératrice des mots.
1 De l’écrivain grec majeur Sotiris Dimitriou, la voix lapidaire d’une région entaillée, l’Épire, entre Grèce et Albanie […] Pour faire entendre cette région frontalière d’où il vient, pour évoquer dans leurs mots le sort de ses habitants, mais surtout pour jouir de l’immense expressivité de cette langue pourtant laconique, semblable à une pierre colorée tantôt par l’amertume, tantôt par l’humour. Chez cet écrivain, la langue et la situation se bouleversent l’une l’autre.
2 Aucune description de la région dans Dieu leur dit, uniquement des récits d’hommes et de femmes. Au mieux, la terre apparaît comme la gueule ouverte d’un destin néfaste […] Le livre a la fusion pour horizon. La narration disparaît au profit des seuls dialogues et des chants, pour culminer sur une danse collective. Lorsque tous se taisent dans cette extase, l’Épire paraît alors unie de nouveau.