Rage raconte avec les mots les plus crus le quotidien traumatisant des pays de l’ex-Yougoslavie après une décennie de guerres. Personne n’est épargné. Il faut remonter à Céline pour trouver une voix aussi inouïe : satirique, ironique, féroce, grotesque, amère et hystérique. Cette voix, c’est celle de Tonka, femme de la cinquantaine qui passe sa nuit à zapper devant la télé (dont le son est coupé) et qui a décidé de quitter son mari Kiki pour un homme plus jeune, Miki.
Dans sa nuit d’intimité avec l’atrabilaire, Tonka fulmine et tempête. Elle éructe et raille la société entière, l’Amérique, la publicité, la nature passive de la plupart des femmes mariées, les multinationales qui contrôlent le monde, la nature humaine toujours prête au pire. Elle déverse l’humeur noire de son âme à une audience imaginaire et, avec véhémence, entremêle l’histoire de sa vie difficile, l’expérience douloureuse de la guerre avec les liaisons qu’elle et sa meilleure amie entretiennent avec le même homme.
Diatribe inoubliable, Rage est l’expression d’une voix nouvelle dans la littérature européenne. Une voix impitoyable qui dit en creux l’absence cruelle de l’Europe dans des circonstances hautement tragiques et qui dissèque tel un bistouri la société croate.
Personne de nos jours n’écrit aussi férocement que Vedrana Rudan.
Un monologue puissant […] Une gueulante de 200 pages où tout y passe.