« Être au monde, c’est être possédé. »
Dans le ghetto de Pragol, les fantômes entendent des voix. Un en particulier, Jacob, dont les pérégrinations à travers le brouillard des ruelles semblent ne jamais vouloir finir. Terrorisé, fuyant le fleuve des voix qui menacent de l’engloutir à tout instant, il fait la rencontre d’un mystérieux rabbin à la puissante magie et découvre l’existence d’un monde entre les mondes : le Transval, où reposent des milliers de spectres qui ne rêvent que de vengeance. Les morts renverseront-ils le royaume des vivants ?
Fable traversée par la Kabbale et sous l’ombre tutélaire du golem, Des voix évoque la déréalisation progressive, physique et mentale, de la figure du fantôme comme celle de l’aliéné.
Babel a livré une de ses plus belles réalisations avec Des voix de Manuel Candré. Pas la Babel labyrinthique de Borges, non, mais bien une Babel coextensive à toutes les époques, à toutes les langues fissurées laissant s’échapper « des voix » […] C’est une des magies de ce livre de parvenir à ne pas situer le temps ni la langue […] Une incroyable expérience de possession par la langue.
A qui pense que la littérature est pur divertissement, qu’il passe son chemin. Manuel Candré, lui, rappelle puissamment qu’elle est déplacement et condensation, création d’univers inconnus du lecteur, et surtout écriture, harcèlement de la langue, questionnement obsessionnel du sens […] Des voix n’est pas seulement un beau livre. C’est un livre important, un travail éminent sur les fondements de l’écriture.