Qui a commis ce crime ? Alberto l’ignore : accroupi dans les roseaux de la lagune, il n’a vu qu’un soldat sans nom et sans visage abattre l’adolescent venu pêcher avec un carrelet dans l’eau malodorante du canal. Et il n’a rien dit à personne.
Aujourd’hui, à cet endroit même, des touristes, des familles vont à la plage, les enfants équipés de bouées multicolores, les pères chargés de parasols. Il y a un marchand de glaces sur la berge, à quelque distance du parking où l’on a laissé les voitures. Sandro est venu avec Céline, sa compagne. Il regarde les eaux du canal, il songe à ce jeune mort d’autrefois.
Persuadé que les clés du drame se trouvent dans un cahier qu’aurait rédigé Alberto, il se met à sa recherche avec une fièvre que Céline ne comprend pas : pourquoi ce crime fascine-t-il autant Sandro ?
Sous couvert d’enquête historique, pénétrer en une rêveuse effraction les arcanes de la création fictionnelle.
Il y a dans ce Cahier d’Alberto une fraîcheur, une évidence propre à la meilleure littérature, celle qui depuis une apparente simplicité — une forme d’élégante modestie au service d’une trame parfaitement menée — est capable sans ventriloquisme inutile d’aborder des questions complexes.