« Loin d’ici, voilà mon but ! » écrivait Kafka.
Otto, le médecin qui a les pieds sur terre, planifie un voyage sur les traces d’un bonheur évanoui. Il rêve de nature et de grands espaces. Sophie, mère divorcée, imagine parfois trouver la liberté dans la toundra. Therese, déjà un peu hors d’elle, s’éparpille et se répand pour combler le vide qui se creuse dans son esprit. Toutes deux sont amoureuses de Robert, alias Mischa Perm, auteur d’En route vers Okhotsk. Robert semble tout droit sorti des romans d’Enrique Vila-Matas : il ne veut plus, ne peut plus écrire, sa Sibérie est intérieure.
Récit de voyageurs sans voyage, En route vers Okhotsk invite à renouer avec le monde et donne une belle légèreté à ce thème universel de la littérature qu’est la disparition de soi.
Un petit groupe dans un bar s’anime à la première page du roman d’Eleonore Frey, En route vers Okhotsk, comme dans un film coréen, ou comme dans un roman d’Alain Robbe-Grillet. Le livre a l’air simple, mais il peut provoquer des réminiscences, voire faire rêver durablement.
Conte sur le voyage, réel et imaginaire, intérieur et extérieur, littéraire et existentiel, En route vers Okhotsk, irrigué par un constant humour de situation où Queneau et Magritte se font des signes, est aussi un roman sur la littérature, les mots et leurs pouvoirs.