Albert Angelo

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B.S. Johnson

Albert Angelo

C’est, je crois, le plus drôle de ses romans, et un superbe compte rendu, scrupuleusement réaliste de ce que signifiait enseigner dans une école difficile de Londres dans les année 60.

Jonathan Coe The Spectator

Publié en 1964 et écrit dans un style peu orthodoxe, typique de ce que sera le travail de B. S. Johnson (1933-1973), Albert Angelo est célèbre notamment à cause des trous qu’arborent deux de ces pages, trous qui donnent à voir « le futur de la fiction ». Mais le futur est-il ce que l’on croit ?
Locataire d’un appartement du quartier d’Angel à Londres, Albert Albert est un architecte sans emploi qui devient professeur vacataire pour gagner sa vie,. Il est tenu d’enseigner dans des écoles de plus en plus difficiles, en une lutte incessante avec ses élèves, miroir de celle à laquelle il est confronté dans la vie en général, et particulièrement la pensée dévorante de Jenny, son ex, dont il est encore très épris…
B.S. Johnson multiplie dans Albert Angelo les points de vue narratifs tout en usant du monologue intérieur avec un art consommé, dessinant ainsi un portrait d’Albert Albert presque cubiste, aussi enlevé qu’une session de jazz débridée. Johnson y révèle aussi ce qui sera son leitmotiv : « Raconter des histoires, c’est raconter des mensonges. »

Albert Angelo peut de prime abord sembler une histoire triste — il est question d’un architecte qui survit comme enseignant vacataire (et qui comme tel passera l’arme à gauche) — mais le roman a des moments de pure comédie qui valent tout ce qui a été publié en Angleterre depuis cinquante ans.

Nicholas Lezard The Guardian

Lorsque ce roman paraît en 1964, BS Johnson a 31 ans. Etoile filante des lettres britanniques (il se suicide en 1973 à l’âge de 40 ans), il dépeint une Angleterre à l’image de son système scolaire : à bout de souffle. Figure de proue d’une littérature dite expérimentale, adulé par Jonathan Coe qui lui consacra une bibliographie en 2004, il signe avec Albert Angelo — mélange de réalisme social et d’originalité formelle — un petit bijou d’une beauté grise indémodable.

François Reynaud Page des libraires, n° 127, janvier-février 2009
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B.S. Johnson B.S. Johnson

B.S. Johnson

Fils d’un magasinier et d’une barmaid, B.S. (Bryan Stanley) Johnson est né le 5 février 1933 à Hammersmith et, à l’exception de la guerre durant laquelle il a été évacu...

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Johnson, en explosant les codes de la narration, excelle à retranscrire l’ambiance potache et insolente d’un collège, les bavardages de fonds de classe et les pensées d’un prof paumé, qui s’ennuie finalement autant que ses ouailles.

Ursula Michel Snatch, n° 3, juillet-août 2010

Osons simplement quelques remarques sur les aspérités de cette prose qui, à l’instar de Chalut, se consomme à belles dents : du rythme, de l’intensité et de l’humeur, c’est à peu près tout ce qu’il nous faut pour passer l’hiver.

B.S. Johnson est un grand écrivain de romans tout court. Pas un grand écrivain de romans expérimentaux.

Les narrations multiples, qui alternent première et troisième personne, stream of consciousness et dialogue plus ou moins théâtral, loin d’alourdir le propos le rendent encore plus lumineux. Il y a des pages d’une justesse folle sur l’enseignement, sur l’immense difficulté à trouver l’énergie de lever la tête jour après jour quand ce qu’on fait paraît totalement vidé de sens, sur les défaites quotidiennes, sur le laxisme de l’administration, sur la violence adolescente non canalisée, des pages d’une modernité presque cruelle (ce roman a 45 ans et il se passe dans un autre pays, mais j’ai eu l’impression de revivre une douloureuse expérience). Et à côté de ce discours, souvent drôle (car l’humour est la politesse du désespoir), on trouve des réflexions sur sur l’architecture londonienne (car Londres est un personnage à part entière, parfois fantomatique, quasi en ruines dans certains quartiers), sur l’amour, sur la création artistique. Passionnant !

Happy Few le blog avec de la Kulture à l'intérieur, 17-01-2009