Sloper commence sa journée de travail au moment où s’arrêtent les faiseurs de richesses et redresseurs de torts. Agent d’entretien dans un immeuble, il passe d’étage en étage en poussant son chariot. Il aspire, vide les poubelles, récupère ce qu’il peut. Ni vu ni connu. Avant de rentrer chez sa mère, où il vit à la cave, épiant ses voisines par la fenêtre.
Personnage sans histoire, sans ambition ni qualité, Sloper pourrait continuer à dilapider ainsi son temps dans l’indifférence la plus totale. Or un soir, sa routine est brutalement interrompue par une macabre découverte…
Bijou de noirceur, Ordure offre le portrait sans concession ni jugement d’un personnage trouble, logé dans l’angle mort de la conscience américaine.
Le diagnostic établi par Eugene Marten est radical, implacable, diagnostic qui, tel un miroir, telle une lumière brusquement allumée, fait voir ce qui dans ce système néolibéral n’est pas vu, encore moins dit : l’humanité y est niée, les êtres humains n’y existent qu’en tant qu’organismes fonctionnels, les individus n’y sont que des restes, des déchets, de la merde, littéralement.
Qu’est-ce qui fascine dans le roman d’Eugene Marten ? Son dépouillement, son art de l’ellipse, du non-dit, du coup d’œil furtif […] Ordure montre, décrit, dissèque. Orrdure tire le rideau qui cache ceux que l’on ne voit pas d’ordinaire ou, plutôt, qu’on ne veut pas voir. Et il vous laisse là, sans rien dire, à contempler tout ça, à en faire votre propre récit, votre propre idée.