Assez tôt dans sa vie, Augustin a découvert sur lui-même trois choses fondamentales : un refus absolu de toute autorité ; une curiosité insatiable ; un don pour la synthèse. De là, il a créé son propre emploi. Il écrit ce que les autres n’ont pas le temps, le désir ou la compétence d’écrire. Cela a commencé de façon artisanale, alors qu’il était encore doctorant en histoire contemporaine. Il avait accepté de rendre service, contre rémunération, des étudiants de licence ou de master. Tous les moyens étaient bons pour récolter un peu d’argent. Il n’avait pas d’allocation de recherche, et plutôt que d’accepter des vacations payées une misère et avec retard, il préférait accumuler des petits boulots plus lucratifs pour financer ses études. Serveur, manoeuvre, manutentionnaire, caissier, rien ne le rebutait. Mais ce fut ce job de scribe qui changea sa vie.
Au fil du temps, sa rapidité et son savoir-faire lui assurèrent une solide réputation. L’incroyable richesse de ce qu’il découvrait, la diversité de ces nouvelles connaissances prirent peu à peu le pas sur son propre sujet de thèse, qui ne le passionnait plus autant qu’avant. L’appauvrissement des conditions de travail à l’université et la faiblesse du nombre de postes offerts achevèrent de le convaincre que son avenir dans l’enseignement supérieur s’était perché sur un affleurement rocheux inatteignable. Il n’avait aucune envie de se retrouver à la trentaine avec un diplôme prestigieux mais inutilisable. Il créa sa micro entreprise, qu’il nomma avec une certaine pédanterie Encyclios Vagabundus. Et avec le recul, c’était bien ce qu’il était devenu, une encyclopédie vagabonde, au service de tous.