Constantin perçoit tout avec une acuité exacerbée. Il est inadapté. Despotique et implacable, son père ne vénère que la force virile, la réussite, les conquêtes conformes. Constantin est à ses yeux un raté qu’il convient de normaliser. Autour de ce tandem ennemi gravitent la mère, bienveillante mais terrifiée, Ambre, la fille aînée, brillante donc épargnée, et Mano, la cadette, rongée par le mépris paternel.
Dans une prose cadencée, fiévreuse, au fil d’un monologue haletant qui épouse au plus près les perceptions de l’enfant, Bénédicte Heim raconte un carnage intime.
Une façon de dire par les gestes et le corps, un sens tendu du phrasé. Avec Bénédicte
Heim, les mots s’appellent et s’interpénètrent, engendrent mouvements et accords, cultivent l’altérité comme source d’éblouissement et de subversion […] C’est la folie pleine de panache d’un non qui est un oui souverain à l’amour, qui est distillée par ce roman parlé à la langue naïvement farouche.
Bénédicte Heim réussit le tour de force de donner à son héros un phrasé juste, évident, alors qu’il n’est qu’un maelström de sensations, d’une effervescence physique, d’une observation par des sens exaltés […] Et c’est un très jeune poète qui émerge alors des dernières pages, encore bien fragile, mais qui a miraculeusement survécu au conditionnement par le mystère salvateur des mots.