Un homme sorti de prison revient sur les lieux de son passé douloureux, une ville qu’il n’est plus sûr d’avoir connue et où grouille une misère anonyme. En quête d’une deuxième chance, il trouve une chambre dans un quartier mal famé. Le désœuvrement le conduit chez un serrurier d’origine syrienne, qui le prend sous son aile et lui apprend les ficelles du métier. De quoi lui fournir un salaire – et un peu de contact humain. Mais à quel prix retrouver une forme de liberté ?
En aveugle navigue entre les souvenirs d’une vie définie par la perte, la déchéance et l’espoir d’un avenir qui ne se laisse pas facilement gagner, car encore faut-il en trouver la clé.
D’une richesse et d’une force imparables, roman social autant qu’existentiel, avec ses allures de polar En aveugle ausculte la violence inhérente au rêve américain et démonte l’inéluctable engrenage conduisant à l’exclusion. Un texte doté de l’extraordinaire précision du Suttree de Cormac McCarthy, doublé de l’étrange mystère logé au cœur de Body Art de Don DeLillo.
Marten rend à la confusion naturelle de la langue sa poésie. D’une des rares interviews qu’a donnée l’auteur, né en 1959, à propos de ce roman, on gardera deux éléments pour lire En aveugle. Le premier concerne la poétique : « Ne décrivez pas un navire. Construisez un navire de mots. Puis partez en mer avec ». Le second est affaire de morale : « C’est banal à dire, mais séjourner dans l’obscurité, c’est aussi affirmer son opposé ».
En aveugle est un livre à clés dans un sens inhabituel et ce n’est pas la seule de ses originalités. C’est le premier roman qu’a publié Eugene Marten. Le héros narrateur d’En aveugle est de retour. D’où ? De quoi ? Manifestement pas d’un endroit affriolant, de même que ne l’est pas celui où il atterrit. L’argent ne coule pas à flots mais la sueur, si. Quant à la mélancolie, la détresse, elles sont partout.