CORRHÉE : (du grec rheô / rhein, couler), une combinaison particulièrement pernicieuse de dysenterie et de chaude-pisse qui s’attrape en une seule débauche.
Le corps coréen typique, comme celui de l’Esquimau, est admirablement dessiné pour les hivers durs et brutaux. Bras et jambes courts, torse allongé présentent moins de surface de peau à l’air glacé – moins de chaleur est ainsi gaspillée. L’haleine ne gèle pas sur le menton et la lèvre supérieure de l’homme glabre. Les prétentions coréennes à descendre d’une Ourse primordiale peuvent être écartées.
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Le crâne coréen typique a parfois des traits résolument amérindiens – preuve vivante, respirante du pont terrestre préhistorique qui enjambait le détroit de Bering : des paumettes arrondies, moulées en une sage et bienveillante passivité. Quelque peu amateur phrénologue, j’arrive parfois à percevoir le crâne sous la peau. Un crâne comme celui d’In-ja se distinguerait au milieu d’un ossuaire – les Capucins lui donneraient la place d’honneur dans l’une de leurs mises en scène cauchemardesques.
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Il me faut absolument parler du cul d’In-ja. Pourquoi ? Et en dire quoi ? Parce que sa fente ouverte, offerte fait penser à un gâteau rond tout frais sorti du four dans lequel on a découpé une unique très fine part ? C’est un peu ça. Parce qu’elle est typique de toutes ses chères consœurs dans cet obscur coin du globe ? On ne peut le nier. Il est difficile de croire que ce trait transcendant s’élabore à partir de chou, riz, nouilles et algues – à peine plus – sans oublier un zeste de matériau génétique et beaucoup d’exercice dans la position accroupie. Quand j’y pense, je désespère nettement moins de l’humanité.
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Mon ami anthropologue Harry T. Colfax, éternel candidat au Prix de la Toison d’Or, décerné informellement par le sénateur William Proxmire, mon ami H.T.C. donc, divise les Coréennes en une douzaine de phénotypes selon la configuration de leur pilosité pubienne. Il a noté le V Extrabold, le V Basique, les Jardins suspendus, l’En bas dans la vallée, l’Oriflamme à deux pointes, le Lingot noir, les Cheveux sur les yeux, les Ajoncs bleus, l’Araignée dans la tignasse, les Cheveux de Vénus (ou Mont demi-ras), et enfin la Véritable Imberbe. Un spécimen exigeait une catégorie et une étiquette à lui tout seul : la Caracole de Colfax. Selon ses propres mots : “ Si Przwalski a un cheval, Kaposi un sarcome, et Halley une comète entière, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas prétendre à mon petit coin de la Création. ”
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Le Bouddha et Jackie Gleason dans L’Arnaqueur. Deux rotondités : l’œuf de l’Est et l’œuf de l’Ouest. Un gros Bouddha en robe grise tapotant le sol avec sa queue de billard. Pas de fumée de cigarette, mais l’incandescence des bâtonnets d’encens bleuissant l’atmosphère. Une boule claque contre une autre. Un son unique, en lui-même accompli.
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L’un des seuls charmes d’aller boire et manger au restaurant ou au bar du coin en Corée, c’est l’en-cas gratuit qu’on vous apporte avec votre verre – particule de carotte, demi-grain de riz cuit adhérant au bord du verre – avec, parfois, l’empreinte d’une lèvre inférieure, romantique et fantomatique en rouge à lèvres ou, sous forme de buée, un rien d’haleine humaine.
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H.T.C. encore une fois : il existait une vieille théorie de l’évolution – depuis longtemps discréditée – qui soutenait que les groupes raciaux ayant gardé leurs caractéristiques infantiles dans l’âge adulte étaient les plus avancés sur le long parcours de l’humanité vers l’Oméga. Cela aurait été dû à l’idée que certaines caractéristiques accompagnant la maturité physique et la vieillesse – naevus pileux, gros tarin, etc. – seraient en fait des régressions au rang de nos bestiaux ancêtres à groin. Cela mettrait les Orientaux – et les femmes orientales en particulier – dans la toute première section du défilé, tirant sur les câbles de remorquage pour haler leur flotte recouverte de fleurs et son Bouddha de granit géant. En tête de cette formation, levant haut les jambes et faisant tournoyer sa baguette de majorette, figurerait la Véritable Imberbe.
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Le soleil se lève aussi à Pusan. Nous, les expatriés, avons l’amusante habitude de mettre des “ j ” à la place des “ z ” dans notre conversation. À la coréenne. Lorsque le Créateur distribua les phonèmes, il n’y eut aucun “ z ” placé dans la bouche des “ jhôtes ” du Pays du Matin Calme. En Corée, tu crois que ça gaze ? Non, ça gage. Jusqu’aux animaux empaillés ? Peut-être Chez Ma Tante. Après tout, Jake, c’est un autre pays.