A la fin d’une phrase, elle a déjà oublié le début, elle ne sait plus ce qu’elle raconte : « Oh zut, tout ce que je veux parler a disparu. C’est terrible, tu sais, je ne peux plus compter sur moi. Je ne me rappelle plus ce que c’est ma vie. C’est début d’une terrible époque. »
Parfois, au contraire, elle rit d’oublier, de se perdre. «Tu sais, c’est formidable, tout est nouveau !»
Un récit d’amour sans filtre, sur la vieillesse et la démence de la poétesse Koumiko Muraoka, et sur la course folle de sa fille pour aller plus vite que l’oubli et sauver sa mémoire.
Anna Dubosc écrit sur la vieillesse de sa mère, la poétesse qui inspira à Chris Marker Le Mystère Koumiko. C’est cruel, plein d’amour, écrit dans l’urgence, aussi vite que le temps qui passe et que la mémoire file.
Sobrement intitulé Koumiko, ce roman d’Anna Dubosc saisit et rassemble les fragments d’une pensée qui s’effrite. Son verbe est rapide, frontal, d’une honnêteté sans fard qui percute et où transperce l’urgence d’immortaliser l’entièreté disloquée de sa mère, sa présence parfois contraire à tout ce qu’elle a toujours incarné.